Manuel Vázquez Portal (Morón, 1951) est un poète et journaliste cubain indépendant. Lors du « Printemps noir », ainsi que fut par la suite nommé ce sombre épisode de l’histoire cubaine au cours duquel soixante-quinze intellectuels cubains dont vingt-deux journalistes furent arrêtés puis emprisonnés, le journaliste est arrêté le 19 mars 2003. Il est conduit à Villa Marista, le siège de la police politique à La Havane où il reste emprisonné pendant un mois et quelques jours après un procès expéditif qui le condamne à dix-huit ans de prison au nom de la loi 88, la « loi bâillon ». Il est ensuite transféré à la prison de Boniato, à Santiago de Cuba. Malgré son isolement, il parvient à organiser une grève de la faim avec d’autres détenus pour réclamer de meilleures conditions de détention. Il est alors transféré dans une autre prison de la ville, celle d’Aguadores où il fait la grève de la faim à plusieurs reprises avant d’être hospitalisé à cause d’une fragilité pulmonaire aggravée par les multiples jeûnes. Il retourne ensuite à Boniato, puis il est libéré un an, trois mois et quatre jours après son arrestation et sommé le jour-même de quitter le pays au plus vite, ce qu’il fera un an plus tard pour s’exiler à Miami où il réside actuellement. La notoriété qu’il a acquise lorsqu’il exerçait son métier de journaliste à Cuba et les deux prix qui lui ont été décernés alors qu’il était emprisonné, – le Prix international de la liberté de la presse attribué en 2003 du Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) basé aux États-Unis et le prix Hellman/ Hammet de l’organisation non-gouvernementale Human Right Watch en 2004 – ont contribué à faire de lui l’une des figures les plus influentes de la diaspora cubaine. Après sa libération et une fois installé en Floride, Manuel Vázquez Portal a continué à exercer son métier en rédigeant des articles et des chroniques pour divers journaux d’opposition. Il est également resté très actif sur le plan littéraire en publiant un roman, Un amor en los ochenta (2011), un essai, Diciendo mal de mujer: Apuntes críticos sobre poetisas cubanas (2021), le récit de son emprisonnement dans Escrito sin permiso : reportaje desde el calabozo (2007) et quatre recueils de poésie, Cambio de celda (2008), Velo de cristal (2009), En el extraño viaje (2015) et Con tantas lluvias al lomo (2022). Il a également publié sa correspondance rédigée en prison dans Cartas marcadas (2023).